Virginie Otth | Photographe

Un lac dans l'oeil. 2023

VIRGINIE OTTH
PHOTO ÉLYSÉE
"UN LAC DANS L'ŒIL."
03.11.2023 – 25.02.2024

Figure centrale de la photographie contemporaine à Lausanne, Virginie Otth présente quatre œuvres inédites, ainsi que son premier film. Cette exposition monographique, intitulée Un lac dans l’œil, réunit des travaux qui mêlent les différents intérêts et les réflexions qui animent l’artiste depuis de nombreuses années, et qui s’interroge sur le rapport au monde fragmentaire, lacunaire, toujours renouvelé qu’offrent la photographie, mais aussi notre regard et notre perception.
Avec ses Quotidiennetés, sorte de répertoire infini d’une vie anodine, elle raconte la place centrale qu’elle accorde au regard sur des choses qu’elle ne cherche ni à documenter, ni à expliquer, mais bien plus à voir avec l’attention qui est la sienne. « Comment échapper au banal, à l’aspect quelconque et trivial de la répétition de nos gestes, de nos besoins, du paysage ? J’émet l’hypothèse que le regard s’il s’exerce peut s’inventer à partir du sempiternel. Pour échapper au dégout des choses, je propose une curiosité, une attention renouvelée aux choses qui ne le demandent pas », explique l’artiste.
Dans son œuvre monumentale Multiple/désirs, acquise par l’Etat de Vaud pour Photo Elysée, elle explore la question du désir féminin et de sa multiplicité à travers des images – de tailles, de formats et de textures différentes – qui donnent forme, de manière plus ou moins explicite, à un vécu intime mouvant, toujours subjectif et difficile à représenter de manière unique et stable. Elle poursuit l’exploration de ce rapport au réel avec son œuvre Jardins : imprimées sur des cartons de différentes tailles qui jalonnent l’espace d’exposition, les images instaurent un lien avec le monde très concret et matériel de la nature, de l’éphémère, voire de la précarité.
La diversité des matériaux utilisés par Virginie Otth – complétée par un portrait imprimé sur miroir – témoigne aussi de l’importance de l’objet photographique – au-delà d’une simple image – et de la matérialité dans la perception du monde : voir, c’est aussi toucher avec les yeux et prendre acte d’un rapport sensible au réel. Enfin, Virginie Otth présente dans cette exposition son premier film, L’Orage, réalisé en 2021 avec Marie Taillefer.
« C’est une tentative de partager un regard. Le comment donner à voir. Les sujets sont sans réel importance, et à la fois essentiels. Les quotidienneté du lac, des éléments de cuisine, l’amoureux, les mains de mes ami.e.s, un verre d’eau, une plaie. La vie au sens intime et sans éclat particulier, le presque-rien. Le presque-rien est ce qui manque lorsque, au moins en apparence, il ne manque rien : c’est l’inexplicable, irritante, ironique insuffisance d’une totalité complète à laquelle on ne peut rien reprocher et qui nous laisse curieusement insatisfaits et perplexes. » Virginie Otth
Diplômée de l’école de photographie de Vevey, résidente à FABRICA (avec O. Toscani-Treviso) et aux Diagonales de Royaumont (Paris), Virginie Otth a aussi été boursière de la New-York Film Academy. Elle enseigne au Centre d’enseignement professionnel de Vevey et à la HEAD-Genève.